Petite histoire de la mycologie

Au premier siècle de l'ère dite chrétienne, Pline l'Ancien sera le premier a aborder explicitement, quoique très succinctement, les premières notions d'une étude du règne fongique.

Il évoque notamment la confusion possible entre le bolet et d'autres champignons susceptibles d'être vénéneux. Est-ce ce début de connaissance de la toxicité de certaines espèces qui mènera au premier empoisonnement volontaire de l'histoire au moyen d'un champignon ? Le plat d'amanites des Césars (qui ne s'appelait pas ainsi à l'époque, évidemment ...) qui empoisonna l'empereur Claude en l'an 54 contenait-il d'autres espèces ?petite histoire de la mycologie : planche ancienne Le souverain, particulièrement friand d'oronges, fut peut-être emporté non par un banal poison dont les conspirateurs de tous bords avaient le secret mais par quelques amanites phalloïdes incorporées dans son plat préféré par sa "chère et tendre" épouse Agrippine.

Voilà un mystère qui n'aura jamais été percé ...

Théophraste, disciple d'Aristote fera une première classification sommaire au 4ème siècle et marquera ainsi le départ d'un intérêt croissant pour l'étude de ce règne végétal dont très peu d'espèces sont alors connues.

petite histoire de la mycologie : planche ancienne

La croyance populaire sera sans doute longtemps un frein à l'étude du règne mycologique : le champignon fut longtemps soupçonné d'être l'instrument de maléfices et paré de vertus démoniaques. Ce n'est qu'à partir du 16ème siècle que la diffusion des premiers documents imprimés provoquera un regain de curiosité et un partage des connaissances pour cette branche très peu connue de la botanique. A la fin de ce siècle paraît une première tentative de classification, en latin, sous la plume du français Charles de l'Ecluse : "Fungorum in Pannonis observatorum brevis Historia". Elle sera un premier ouvrage de référence décrivant 105 espèces illustrées par 86 planches. Deux autres auteurs publieront à la même époque leurs propres travaux, donnant ainsi une impulsion à un début de taxonomie d'une matière jusqu'alors fort peu connue. Les français Bauhin feront éditer leurs observations et le belge François van Sterbeeck se servira, notamment, de cette matière pour développer une nouvelle référence en matière de classification. Ce prêtre flamand précisera ainsi, dans un ouvrage écrit dans sa langue natale, les caractères spécifiques des espèces qu'il observera sur le terrain, dessinant et décrivant en détail les particularités de celles-ci. Tournefort décrit à son tour 160 espèces réparties en 7 genres dans son essai "Eléments de botanique" et évoque pour la première fois la culture d'une espèce dont la réputation d'excellence gastronomique fera le tour du monde : le champignon de Paris.

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Le microscope, inventé au 18ème siècle, marquant le début d'une systémique plus précise, s'appuyant notamment sur l'observation des spores, ainsi que les centaines de planches patiemment dessinées par le français Bulliard aboutiront, enfin, aux prémices de la mycologie moderne. Le hollandais Persoon en sera l'instigateur et Fries en deviendra le père. Ce chercheur universitaire suédois publiera, au 19ème siècle, une série d'ouvrages décrivant déjà 2770 espèces de champignons et entraînera dans son sillage de nouvelles vocations qui s'illustreront dans la "découverte" de nouvelles espèces mais surtout dans leur classification ... presque définitive. C'est ainsi que bon nombre de celles-ci portent leurs noms : Becker, Bon, Bresadola, Galzin, Josserand, Heim, Konrad, Kühner, Lange, Maire, Patouillard, Quélet, Ricken, Romagnesi, Singer, etc. Les mycologues contemporains ne sont pas en reste, l'intérêt pour le développement de cette recherche ayant littéralement explosé dès la deuxième moitié du 20ème siècle.

Aujourd'hui, l'évolution de cette science et la classification du règne fongique est l'aboutissement d'un travail collectif dont les informations proviennent des quatre coins du globe. Elle est tout d'abord basée sur l'observation en milieu naturel par les mycologues avertis ... mais parfois aussi par de simples observateurs attentifs du règne fongique, les mycophiles. Ceux-ci font état de leurs découvertes en publiant, souvent modestement au sein de cercles mycologiques, les descriptions précises de "leur" specimen. Ces publications, faisant suite à un examen attentif sur le terrain puis à une recherche plus approfondie en atelier, sont ensuite transcrites sur des "fiches de détermination". Elles aboutiront, peut-être, à une autre publication, officielle celle-ci, d'un nouveau genre voire d'une nouvelle espèce qui comportera alors le suffixe de son "inventeur". Cette décision dépendra des mycologues professionnels régulièrement réunis en congrès afin de mettre à jour une nomenclature qui, pour longtemps encore, se verra enrichir de nouveaux noms et peut-être de nouvelles familles tant le règne fongique est riche ... et encore peu connu.


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