La cueillette des champignons : les dangers de la forêt

Rares sont les amateurs ... et même mycologues avertis, qui imaginent un danger pourtant bien réel : le plus grand des prédateurs, l'homme ! Déguisé en chasseur, fort d'un permis de tuer tous les jours de la semaine, il a parfois la gâchette facile et le réflexe dangereux ! N'hésitez donc pas à vous vêtir de couleurs vives lorsque vous entrez dans ce qu'il considère comme "son" domaine. Même si les accidents sont rares, il vaut mieux ne pas fréquenter les bois en habit vert-de-gris ...

sous-bois

N'imaginez pas qu'après avoir pris toutes les précautions, dont celle qui précède, que vous êtes désormais à l'abri de toute surprise désagréable : il en est une autre que les ouvrages et sites traitant de mycologie méconnaissent presque systématiquement ... Il s'agit du risque d'infection par un petit animal parasite qui sévit dans les bois : la tique ! Cet acarien hématophage hante les forêts, accroché le plus souvent aux fougères, herbes hautes et branches basses des arbres, dans l'attente ... de pouvoir s'accrocher à un être vivant passant à sa portée. Se fixant par la tête, équipé de rostres crochus s'ancrant profondément dans la peau, il parasite alors l'hôte de passage, animal mais aussi humain pour se nourrir de son sang ! Un vampire, en quelque sorte ...
     Le risque principal de ce qui pourrait n'être qu'une petite mésaventure désagréable est de contracter une maladie bien connue des chasseurs et des forestiers : la borréliose ou maladie de Lyme. Provoquée par une bactérie que véhiculent des mammifères vivant dans nos forêts, dont la tique est parfois le vecteur (certaines régions sont plus touchées que d'autres, notamment le nord et l'est de la France ainsi que les pays situés au nord de ces régions), l'infection qui menace le promeneur peut avoir des conséquences articulaires mais aussi et surtout neurologiques et cardiaques ! Il est donc prudent, après chaque sortie en forêt, d'inspecter toutes les zones du corps afin de vérifier si cet insecte ne "vous colle pas à la peau". En effet, les conséquences d'un tel incident peuvent parfois être particulièrement graves !

Enfin, ... et cet ultime avertissement n'est pas destiné à vous faire renoncer à votre passion, il existe un dernier danger à ne pas prendre à la légère, un autre risque de maladie indirectement transmissible par le champignon : l'échinococcose. Moins connue que la maladie de Lyme, cette affection peut pourtant être encore plus lourde de conséquence, s'attaquant essentiellement au foie, en le rongeant littéralement. Elle est provoquée par la prolifération d'un ver minuscule dont le chien et surtout le renard sont les porteurs involontaires. Cette larve peut être présente parmi les beaux fruits que vous aurez déposé dans votre panier, sans que vous ne le sachiez ... Si certains de ceux-ci sont d'une saveur exquise à l'état cru, il est une précaution indispensable à prendre avant de les déguster : les brosser puis les essuyer consciencieusement et surtout éviter d'absorber des espèces paraissant véreuses. Heureusement, une cuisson suffisante permet de se prémunir contre une éventuelle intoxication, le ver n'y résistant pas.

Pas de panique, toutefois : une fois ces notions de prévention bien comprises et adoptées, vous pourrez vous adonner sans crainte à la "chasse aux champis" !

chasse aux champignons

Les moments les plus favorables pour la cueillette sont ceux qui suivent les belles averses : un ou deux jours plus tard, c'est l'éclosion. Ceci est une règle générale, pas une certitude car curieusement, cela ne marche pas toujours. Les anciens prétendent que la pleine lune influence le cycle d'érection du champignon : ils parlent là de "poussée"... Il y a du vrai dans ces dires et tout observateur attentif aux évènements de la nature préfèrera sans doute envisager ses sorties en fonction des cycles lunaires. L'un de ceux-ci est particulièrement favorable à la sortie à l'air libre du champignon : la période de la lune ascendante et surtout à la fin de celle-ci. Peu de gens le savent (sauf, une fois de plus, ceux que la nature intéresse au point d'en observer attentivement les évènements) mais je vais vous confier un secret (qui forcément ne le sera plus...) : en début de saison, lorsque le sol n'a pas encore eu le temps de se réchauffer, prospectez les parties Ouest des bois ! En pleine saison, l'Est est particulièrement favorable au champignon du matin et lorsqu'il fait très chaud, c'est l'exposition Nord des bois qui vous assurera votre cueillette ! Le Sud quant à lui n'a pas la cote... ou vraiment très peu.

Autre chose : ayez du nez, du pif, de la truffe ! Pas le champignon mais le flair, tant pis pour les fumeurs : ils perdent là l'occasion d'utiliser un excellent outil pour la recherche des champignons. Cet appendice vous permettra de détecter à coup sûr la présence, ou la dégénérescence de la friandise convoitée : humez à pleins poumons les parfums qui vous entourent : s'il y a du champignon, vous le sentirez !

Si c'est la fin du cycle et qu'il se décompose, vous le remarquerez aussi : une forte odeur se dégage et si vous êtes dans un "coin" à bolets ou cèpes, cette odeur est insupportable. La décomposition massive d'armillaires produit des effets plus spectaculaires encore : l'impression d'un cadavre en décomposition ... ! Inutile de poursuivre alors vos recherches : vous n'en trouverez plus car curieusement, tous les spécimens de l'espèce se décomposent, le plus souvent, en même temps.

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